Le parc de l’Isalo est l’un des plus grands parcs naturels de l’Île Rouge, et sans doute l’un des plus beaux ! Ses 80 000 hectares de superficie abritent une biodiversité incroyable et des points de vue à couper le souffle. Canyons, piscines naturelles, cascades, lémuriens, plaines… nous sommes partis sur les sentiers de randonnée du colorado malgache : nous vous partageons notre expérience, nos conseils et notre récit de voyage.
Le Parc de Isalo sur la carte de Madagascar :
Le parc se situe à proximité des villes de Ranohira et Ilakaka. Les excursions partent toutes de Ranohira, qui est située sur la RN7. Vous pouvez vous y rendre facilement en taxi-brousse ou avec votre véhicule.
Conseils pour un trek à Isalo réussi
Pour commencer, quelques conseils généraux qui peuvent paraître évidents mais qu’il est bon de rappeler :
- Ne vous lancez pas dans des circuits trop exigeants si vous n’êtes pas habitués du trek. La plupart des circuits vous feront grimper et descendre dans les canyons et les distances sans aucune infrastructure humaine peuvent être immenses.
- Choisissez un guide qui vous paraît fiable et communiquez bien avec lui avant de partir. Toujours penser à demander le nombre de kilomètres à effectuer dans la journée et combien de temps cela va prendre (approximativement). Nous avons fait cette erreur avec notre guide qui nous a fait peur par moments car il semblait perdu et ne savait pas du tout estimer les distances et les temps de trajet. Heureusement que nous étions sportifs car ça aurait pu mal tourner autrement (nous sommes rentrés à la nuit tombée, ce qui n’est pas du tout recommandé !)
- Prévoyez de bonnes quantité d’eau (2 à 3 litres par personne et par jour si possible) pour ne pas tomber à court pendant la route, car les occasions de remplir votre gourdes seront quasi nulles.
- Si vous avez la peau claire, méfiez vous du soleil (même caché derrière les nuages). Vous serez souvent en haut des canyons et le soleil malgache tape très fort ! Protégez au maximum votre peau : épaules, bras, jambes, nuque et crâne. Mettez de la crème solaire sur les zones exposées. Si vous ne faites pas attention (comme Debo !) vous pouvez finir avec une insolation et des brûlures au 2ème degré (oui c’est du vécu…).
Prix d’une excursion à Isalo
Pour une excursion à Isalo, soyez prêts à mettre un peu la main au portefeuille. C’est ce qui a représenté le plus gros poste de dépenses de notre road-trip de 2 semaines.
Tarif du parc
Les tarifs du parc sont fixes.
Comptez 65 000 Ar par personne pour l’entrée du parc + 5000 Ar par personne de taxe communale (reversée aux habitants de Ranohira).
Cela représente environ 20€ / personne.
Choisir son guide
Lorsqu’on se rend dans le parc de l’Isalo, il est obligatoire d’être accompagné d’un guide.
Nous vous conseillons fortement de choisir un guide officiel sur place, surtout si vous n’êtes pas trop pressé. Il y en a de nombreux disponibles (surtout en basse saison). Vous pouvez aussi passer par une agence mais elle prendra une commission donc vous payerez plus cher.
Le prix du guide est fixe mais varie en fonction des circuits que vous souhaitez faire.
Les circuits vont de quelques heures à une dizaine de jours pour ceux qui souhaitent aller au plus profond du parc.
Nous avons choisi 2 journées complètes de trek avec 2 itinéraires différents et nous avons payé en tout 360 000 Ar (= 90€) pour 2.
Choisir son hébergement
Si vous souhaitez faire du camping à l’intérieur du parc de l’Isalo, bonne nouvelle, c’est possible ! Mais pas n’importe comment.
Le camping sauvage n’est pas autorisé et déconseillé. Pour camper, il faudra aller dans les quelques spots de camping aménagés dans le parc et payer la taxe camping par nuit (dont nous n’avons malheureusement pas noté le montant). Cela peut être une bonne solution si vous souhaitez faire de longues excursions qui vous mènent au plus profond du parc.
Si vous souhaitez camper et que vous n’avez pas de tente il est possible d’en louer sur place moyennant un petit supplément.
Si vous souhaitez faire des excursions à la journée, il est plus avantageux de dormir à l’hôtel à l’entrée du parc ou à Ranohira. Nous avons un peu galéré pour les hôtels, car la plupart sont assez chers. Njato s’inquiétait beaucoup pour nous à cause des Bara (l’ethnie locale) qui sont craints et qui auraient apparemment déjà attaqué des touristes. Il a fortement insisté pour nous emmener à un hôtel sécurisé avec gardien. Sauf que l’hôtel était très cher (130 000 ariarys la nuit), le personnel désagréable, la chambre et l’hygiène pas terrible et qu’ils ont essayé de nous faire payer des frais supplémentaires à la fin.
Du coup on a changé pour un autre hôtel : “L’Orchidée”. Il était déjà bien mieux, moins cher (76 000 ariarys la nuit pour 2) et le personnel très sympa.
Autres dépenses
Pour la nourriture, nous vous conseillons de faire vous-même votre pique-nique, si possible en faisant des courses avant d’arriver à Ranohira. L’endroit est très touristique et les prix des vivres ont tendance à beaucoup gonfler !
L’accès au parc se fait par un long chemin accidenté où seuls les 4×4 peuvent passer. Si vous êtes venus en taxi-brousse ou que vous n’avez pas de 4×4, vous devrez soit faire tout le chemin à pied (ce qu’on a fait), soit prendre un chauffeur de 4×4 juste pour cette route. Nous n’avons pas les prix exacts mais ils peuvent vite grimper aussi.
A quelle période visiter le parc de l’Isalo ?
La plupart des voyageurs choisissent de visiter le parc de l’Isalo à la saison sèche qui s’étend de mai à octobre. À cette période, il pleut très peu et les chemins sont en bon état. La végétation est plus sèche et l’herbe jaunie par le soleil. À faire si vous préférez l’aspect savane et colorado.
Cependant, on peut tout aussi le visiter sans problème à la saison des pluies. C’est ce que nous avons fait. Sur nos deux jours, la météo a été variée : soleil, nuages, petite bruine, et courte (mais intense) averse. C’était vraiment l’aventure ! La végétation est bien plus verte et dense à cette période. Vous aurez également le parc pour vous tous seuls (ou presque) !
Récit de voyage
Après le Parc Anja, nous n’avions toujours pas eu notre dose de randonnée et d’aventure. Il faut dire que si Anja était incroyable en terme de faune (lémuriens, caméléons…) et de paysages, il laissait nos gambettes sur leur faim.
Nous embarquons avec Njato, notre guide, pour environ 3h de route. Les paysages se succèdent à grande vitesse, passant des rizières, à la campagne, aux vastes prairies.
Préparation de l’expédition à Isalo
Enfin, on aperçoit les premiers canyons du parc d’Isalo. On ne sait pas trop à quoi s’attendre, pourtant l’excitation nous gagne déjà. Nous rencontrons notre guide du parc, Marquis, dans un petit snack en bord de route à la ville de Ranohira. Cette ville est le point de départ principal des excursions à Isalo.
La discussion s’engage. Debo et moi voulons camper dans le parc et y passer au moins 2 jours, histoire de voir les étoiles et de pouvoir entrer profondément dans les terres. La communication n’est pas super simple car Marquis ne maîtrise pas le français à 100% (c’est toujours mieux que notre maîtrise du Malagasy). En gros, il nous dit que ce qu’on veut faire est possible mais qu’il va falloir engager un porteur (pour les tentes), un cuisinier (pour la nourriture du soir), et le guide (Marquis lui-même). Tout cela pour le “modeste” montant de 850.000Ar (plus de 200€), incluant :
- La location des tentes
- La taxe de camping
- le porteur
- Le cuisinier
- La nourriture
- Les matelas à mettre dans les tentes
- Le mini frigo pour les boissons (je blague)
Pour l’aventure c’est raté ! Après de nombreuses palabres, on finit finalement par renoncer au camping. On partira donc deux jours en rentrant à l’hôtel pour dormir, ce qui revient moins cher que de camper dans le parc (on s’en tire, en comptant toutes les dépenses, pour 500.000Ar = 130€). C’est une somme très importante pour Madagascar et les autres parcs n’étaient pas aussi chers. On se donne rendez-vous à 7h du matin pour la première journée dans le parc de l’Isalo !
Le départ
Voyager à Madagascar à la saison des pluies est très différent par rapport à la saison sèche (la haute saison). À la saison des pluies, tout est plus compliqué : les pistes sont boueuses et d’immenses mares bloquent le passage des véhicules classiques. Malheureusement nous ne disposons pas de 4×4. Notre Citroën Évasion de 30 ans ne fait pas le poids. Nous continuons à pieds vers le parc sous un crachin normand et la grisaille. Un 4×4 blanc nous double avant que nous reprenions la tête quelques centaines de mètres plus loin. La pente boueuse et glissante est trop coriace, même pour lui. Nous apprendrons plus tard qu’il a fini dans le fossé. Ce qui est bien avec nos pieds, c’est qu’ils ne nous trahissent pas !
La tribu Bara
On arrive enfin à l’entrée du parc, où Marquis nous donne des informations sur l’endroit. Le parc de l’Isalo se situe en plein coeur du territoire de la tribu des Bara. Cette tribu est connue pour son côté belliqueux. Il n’est pas rare que des échauffourées armées se déroulent entre les Bara et la police locale. Le rituel du vol de zébu (animal symbole de pouvoir et de richesse) est en effet très ancré dans leurs traditions.
Parmi les traditions les plus fortes on retrouve les pratiques post-mortem :
- Les tombeaux des défunts sont placés dans les lieux les plus élevés du parc : des grottes naturelles dont ils bouchent l’entrée à l’aide de pierres. Ces tombeaux sont visibles un peu partout dans le parc.
- Il est fady (=interdit) de pointer du doigt dans cette région. Il faut replier le bout de l’index et former un crochet pour respecter la tradition. Autant dire que vu les beautés du parc ça n’a pas été facile !
- L’enterrement initial se fait dans un tombeau provisoire, où le défunt est laissé entre 1 et 10 ans. Une fête se tient au chevet du défunt avant que la famille vienne récupérer ses os (il ne faut pas en oublier) pour les emmener très en hauteur à l’emplacement définitif.
Chaque cercueil et décoré de manière unique. Les couleurs et les objets de décoration donnent des informations sur le défunt. Le zébu présent sur celui-ci semble indiquer que sa famille était riche (car posséder un zébu est prestigieux).
Les tombeaux sont placé en hauteur pour que les morts puissent être au plus prêt du ciel et qu’ils fassent le lien entre le monde terrestre et celui des cieux.
La première piscine naturelle
On trouve de superbes piscines naturelles dans le parc, qu’il est possible d’atteindre en quelques heures de marche. Nous nous dirigeons vers la première et la plus belle à nos yeux tout simplement appelée : la piscine naturelle. Elle est encastrée dans la roche sous le niveau du sol.
Le site est vraiment incroyable : le sol est tapissé de sable blanc sur lequel poussent des arbres qui nous sont inconnus. On se croirait dans une oasis sauce malgache !
L’eau est bleue et pure. On se baigne dans un cadre paradisiaque. Il est vraiment agréable de ne pas être en contact avec des touristes (basse saison oblige), et la grisaille du matin est passée. Rapidement, nous reprenons la marche.
Ce n’est pas la seule piscine naturelle du parc. Nous verrons les 2 autres le lendemain.
Les paysages du Parc de l’Isalo
Un autre aspect exceptionnel de ce parc réside dans la diversité et l’intensité des paysages et points de vue qu’on peut rencontrer. Le parc de l’Isalo est perché sur un haut plateau qui domine les plaines alentour. Ses nombreux canyons et reliefs lui valent le surnom de Colorado malgache. Ça nous aurait à peine étonné de voir passer Clint Eastwood 😉
Après pas mal d’heures de marche et de grimpette, on arrive en bord de falaise sur le chemin de crête. Le regard porte sur des dizaines de kilomètres et on a une vue incroyable sur les plaines environnantes.
C’est ici que nous mangeons notre sandwich. La classe non ? (On était morts)
La journée est déjà bien avancée et nous redescendons par un chemin à flanc de falaise avant d’emprunter un “raccourci” (entendez : chemin très boueux et glissant) de 3km nous conduisant à l’hôtel.
Débrief journée 1 / début journée 2
Cette première journée a été particulièrement éprouvante en raison de la chaleur couplée à l’humidité (environ 30°C et 90% d’humidité), mais aussi en raison du relief important et de la condition du terrain. Debo a d’ailleurs attrapé des bons coups de soleil malgré la couverture nuageuse. Nous aurons au total marché 25km et visité la piscine naturelle et le chemin de crête.
Nous nous couchons tôt afin de profiter d’un sommeil réparateur et partons de bonne heure pour la deuxième journée au parc de l’Isalo !
Au programme, deux autres piscines naturelles : la piscine bleue et la piscine noire.
Les piscines naturelles bleues et noires
On arrive à la piscine bleue après 10km de marche environ. Elle est petite et ne permet pas vraiment de se baigner mais elle se démarque par la couleur de son eau, bleu azur ! Marcquis nous explique que cette couleur particulière est due aux minéraux qui composent son bassin.
10 minutes plus tard, nous sommes à la piscine noire. Son eau est beaucoup plus foncée car elle est très profonde et bien plus grande que la première. L’eau ruisselant des parois et les gouttelettes volant au soleil lui donnent un aspect féérique. Et on y arrive pile quand le soleil décide de se montrer ! On est en sueur et la baignade nous fait un bien fou.
Nous arrivons au canyon des makis après encore 2h de marche. Nos réserves d’eau sont au plus bas. La randonnée est beaucoup plus longue que prévu !
Le canyon des makis
Le canyon des makis est un lieu verdoyant en comparaison du reste du parc. Nous le remontons en entendant les lémuriens au loin. Ils sont presque indiscernables tant ils sont loins ! Pour les voir de très près mieux vaut aller au parc Anja.
Ce canyon cache un lieu secret et mystérieux : la douche du roi.
Il s’agit d’une source située en hauteur sur la falaise. L’eau qui en coule est filtrée par la roche et tombe en filet dans le canyon. On en profite pour refaire nos réserves d’eau et éviter de mourir de soif !
Marquis nous explique que cet endroit était jadis fréquenté par le roi pour y prendre sa douche (comme son nom l’indique).
On repart pour la dernière ligne droite avant la fin du périple : 10km à travers des sentiers empruntés uniquement par les habitants du coin. On traverse des rivières à pieds tout habillés. Le sol est collant et boueux ce qui nous freine autant que la fatigue.
Je check le podomètre : 30km parcourus depuis ce matin. Ça n’en finit pas. Nos réserves d’eau fondent à vue d’oeil. Heureusement qu’on a fait des réserves à la douche du roi !
On passe devant des bidons servant à faire macérer une mixture pour faire de l’alcool maison.
La nuit commence à tomber. On a droit à un magnifique coucher de soleil sur les hauts plateaux du parc. Une récompense qui nous met du baume au coeur.
On arrive enfin à l’hôtel. Exténués, on a à peine la force de prendre un repas. On s’endort comme des masses. C’est ça l’aventure !
Au total, 60 km parcourus à pied en 2 jours avec pas mal de dénivelé et des terrains accidentés ! Honnêtement, on ne s’attendait pas à marcher autant et c’était vraiment intense. Mais c’est aussi pour ça qu’on vous recommande de bien discuter du trajet avec votre guide avant de vous embarquer dans l’aventure, histoire de ne pas être surpris pour ne pas risquer de se retrouver bloqué dans le parc la nuit sans secours.
Demain, nous partirons sur la côte est pour rejoindre les belles plages de sable fin de Mangily et profiter d’un repos bien mérité !
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