L’Île Sainte Marie est une destination très populaire parmi les voyageurs à Madagascar. L’ambiance est assez différente du reste de l’île Rouge : le niveau de vie des habitants est plus élevé et il y a moins d’insécurité. C’est une petite île qui regorge de merveilles de la nature (plages de sable blanc, piscines naturelles et récifs coralliens) et de mystères d’histoire, car c’était une île de pirates ! Nous y avons passé 3 jours incroyables. Dans cet article, vous trouverez nos conseils et notre récit de voyage sur l’île Sainte Marie.
l’Île Sainte Marie sur la carte de Madagascar :

Nos conseils et infos pratiques :
Comment se rendre à l’Île Sainte Marie ?
Par avion :
L’Île Sainte Marie possède un petit aéroport. Tous les jours, quelques avions y décollent et y atterrissent. La seule compagnie qui propose des vols internes à Madagascar est Tsaradia. Vous trouverez des vols pour Sainte Marie depuis Tananarive (environ 1h30 de vol) et depuis Tamatave (30 min de vol). C’est le moyen le plus simple et le plus rapide, et les prix ne sont pas excessifs. Nous avons payé 85€ pour un vol Tananarive – Sainte Marie.
Par bateau :
Si vous n’êtes pas pressé et que vous voulez économiser sur le prix du transport, vous pouvez prendre le taxi brousse puis le bateau. Soyez prévenus si vous choisissez cette option, c’est vraiment l’aventure !
Le trajet en taxi-brousse depuis Tamatave dure officiellement 4h, mais en réalité comptez minimum 5h si tout se passe bien, et plus en cas d’incident, très fréquents ! Notre véhicule a crevé en plein milieu du trajet et le chauffeur n’avait pas les outils pour changer la roue, ce qui nous a fait perdre plus de 2h. Nous avons mis 7h en tout !
Plusieurs compagnies font la traversée du port de Soanierana Ivongo, à 165km au Nord de Tamatave. El Condor, le plus cher mais le plus confortable. En plus économique, il y a Mélissa, Gasikara et Cap Sainte Marie (celle que nous avons choisie). La traversée dure environ 2h. Les départs ne sont pas garantis tous les jours, c’est en fonction de la météo en mer.
Avec la société Cap Sainte Marie, nous avons payé en tout 23€ par personne pour la traversée en bateau et le trajet en taxi-brousse. Les conditions de trajet sont épuisantes. Nous étions serrés comme des sardines dans le bateau très petit. Il y avait plus de passagers que le permettaient les places assises, et nous devions obligatoirement porter un gilet de sauvetage. Si vous n’êtes pas à l’aise en mer ou au milieu de la foule, évitez ce trajet : ces deux heures ont été difficiles.
Dans le taxi-brousse, c’est plus supportable car nous étions moins serrés. Par contre, la route est en très mauvais état et le taxi-brousse doit slalomer entre des énormes trous, des mares d’eau, de la boue. Bref, ça secoue dans tous les sens, et c’est long ! Surtout quand on crève en plein milieu du trajet et que le chauffeur n’a pas de quoi changer la roue. “Mora mora” comme on dit ! Il faut juste en être conscient et ne pas être trop pressé d’arriver.
Se déplacer sur l’Île Sainte Marie
Pour se déplacer à Sainte Marie, la plupart des voyageurs choisissent le tuk-tuk. Ils vont partout sur l’île tant que la route le permet. Les prix sont très économiques si vous négociez avec les chauffeurs. Attention à toujours fixer un prix avant de monter.
Pour plus de liberté, vous pouvez aussi louer un deux-roues. Vous trouverez des scooters et des motos pour environ 10-20€ la journée. Si vous avez le permis moto, on vous conseille la motocross. Vous pourrez circuler plus facilement qu’avec un scooter, car même la route principale est en mauvais état. Une motocross vous permettra d’emprunter des pistes qui vous emmèneront à des endroits inattendus, comme la grande plage secrète que nous avons trouvé.
Que faire sur l’Île Sainte Marie ?
- Aller se ressourcer sur la paradisiaque et reposante île aux nattes
- Faire du snorkeling ou de la plongée près des récifs coralliens
- Faire une balade en kayak de mer
- Arpenter les pistes de l’île en Quad ou en moto-cross
- Visiter un véritable cimetière de pirates et l’île où serait caché leur trésor
- Faire une balade en pirogue dans la mangrove
- Aller voir les piscines naturelles au nord de l’île
- Observer les baleines à bosse (de juin à septembre)
Quel hôtel ?
Sur l’Île aux nattes nous avons dormi Chez Sica dans des petits bungalows au bord de la plage. L’endroit est magnifique et très bon marché : 40 000 Ar la nuit soit 10€.
Pour ce prix, les douches et les toilettes sont communes, mais il y a aussi des bungalows plus chers qui ont leur salle de bain privée. Les repas sont frais et délicieux, et l’accueil chaleureux !
Sur l’Île Sainte Marie, nous avons dormi dans la chambre d’hôtes Le Bon Endroit, au nord de l’île. L’endroit est très reposant, au bord de la mer avec des animaux qui se baladent. Un bungalow pour 2 coûte 15€ la nuit. L’accueil est là aussi très chaleureux.
Soyez prévenu, quelque soit l’hôtel que vous choisirez, vous rencontrerez forcément des cafards. Ils sont partout sur l’île. Évitez de laisser de la nourriture dans votre bungalow et fermez bien vos sacs.
Combien de temps sur place ?
Tout dépend de si vous souhaitez vous reposer tranquillement à la plage ou pas. Si oui, on vous conseille une semaine, mais si vous êtes plus pressé comme nous l’étions, 3 jours peuvent suffire.
Notre récit de voyage :
Arrivée et péripéties
Notre road-trip sur la RN7 est bel et bien terminé, mais ce n’est pas encore la fin du voyage ! Notre nouvelle destination se trouve à l’opposé de là où nous sommes actuellement. Il est 8h30 du matin et nous sommes à l’aéroport de Tuléar pour prendre notre vol vers Tana. Vol qui a été avancé d’une heure à la dernière minute. Heureusement que nous avions du réseau pour voir le mail envoyé par la compagnie aérienne ! Il est temps de dire au revoir à Njato et Leti, qui ont été de fabuleux guides et compagnons de voyage.
À 14h, nous décollons une deuxième fois pour arriver une heure plus tard sur l’île de Sainte Marie. On sent tout de suite la différence de climat : il fait vraiment chaud et humide !
Nous avons à peine le temps de sortir de l’aéroport qu’une foule de chauffeurs de tuk-tuk nous saute dessus et nous empêche presque de sortir. Soyez-prévenus, c’est intimidant lorsqu’on n’est pas habitué. On choisit le moins cher et on passe dans la ville principale de l’Île, Ambodifototra, pour retirer de l’argent.
C’est là que nos ennuis commencent… Jusqu’ici, nous n’avions eu aucun soucis à Madagascar. Le plafond de retrait à l’étranger est atteint pour la carte de Deborah, et impossible de retrouver la carte bancaire d’Antonin, même après avoir retourné nos bagages. On pense qu’elle a été volée pendant le vol. Heureusement, on a encore un peu de liquide mais on commence à s’inquiéter pour les prochains jours. Pour couronner le tout, nous avons une mauvaise surprise avec le chauffeur à l’arrivée. Nous avions convenu le prix à 7000 Ar et il nous en demande à présent 45 000, pour le détour en ville. On parvient en discutant à réduire le prix à 30 000 mais on se sent bête de s’être fait avoir. Attention à toujours fixer un prix ferme pour un trajet bien défini avant de monter dans un tuk-tuk.
L’île aux nattes : un coin de paradis
Nous voilà à la pointe sud de l’Île Sainte Marie. Des dizaines de pirogues, ces barques en bois creusé dans un seul tronc d’arbre, reposent sur le sable, leurs propriétaires discutant à côté. Ils sont là pour emmener les voyageurs et les habitants sur l’île aux nattes, une toute petite île paradisiaque. La traversée nous coûte 15 000 Ar et dure environ 10 min.

Notre piroguier est sympa : il nous dépose devant la plage de notre maison d’hôtes et nous gardons son contact pour la traversée retour. La cadre dans lequel nous sommes est incroyable. On a une vue sur une plage de sable fin avec des petits crabes colorés, une eau bleue turquoise, transparente et surtout à température parfaite. Les cocotiers ne manquent pas ! Mais à la différence de Mangily, l’intérieur de l’île est très verdoyant avec des rizières et de nombreuses plantes exotiques. Le climat est bien plus humide. Nous louons un petit bungalow en bois au bord de la plage pour 40 000 Ar la nuit.

On est toujours inquiet à propos des futurs jours, mais le cadre aide un peu mieux à faire passer la pilule. Nous sommes quand même dans une situation compliquée. On a plus beaucoup d’argent, tout se paie en liquide et on ne peut pas en retirer. Et surtout, on est sur une toute petite île isolée du reste de Madagascar. On s’imagine déjà (non sans dérision) occidentaux sans le sou en mode koh-lanta sur l’île de Sainte Marie !
La soirée nous réconforte. On parvient à échanger quelques euros en ariarys près d’une guesthouse voisine. Un délicieux repas nous attend à la salle à manger commune de notre maison d’hôtes. Nous ne sommes que 4 à partager la grande table : une dame en vacances qui habite à la Réunion, notre cuisinière et nous. L’ambiance est chaleureuse et on discute autour d’un bon menu : poissons et poulpes grillés, pêchés le jour-même, accompagné de fruit à pain. Il s’agit d’un fruit dont la texture ressemble à un féculent, comme du pain ou des pommes de terre. C’est original et très bon !
Le lendemain matin, on se lève aux aurores pour profiter du lever du soleil. Au programme : détente sur la plage, petit déjeuner avec des mangues fraîches, les meilleures que j’ai pu manger de ma vie. Antonin se lance en quête de noix de coco à cueillir. Un habitant nous aide à l’ouvrir avec sa machette. L’eau de coco est vraiment désaltérante.
Notre voisine de bungalow nous avait parlé d’un point de vue à 360° sur toute l’île à 15 min à pied. Nous partons à sa recherche. En chemin on passe par un petit village traditionnel avec quelques habitants souriants et plutôt timides. On traverse des rizières où des femmes travaillent dur dès le lever du soleil. Respect. On trouvera finalement l’endroit qui s’appelle “La Maison Blanche”, mais elle est fermée à cette heure. Le point de vue se trouve sur son toit. On rebrousse chemin, mais la balade nous aura comblés ! Après ça, nous retrouvons notre piroguier pour retourner sur l’Île de Sainte Marie.

Le Nord de l’île en kayak
Cette fois-ci nous trouvons un chauffeur de tuk-tuk sympa et honnête qui nous emmène au Nord de l’Île jusqu’à notre chambre d’hôtes : Le bon endroit. Le lieu dégage une atmosphère paisible au bord de la mer. Le terrain est grand et verdoyant, des animaux se baladent liberté. C’est l’endroit idéal pour une après-midi relaxation. En fin de journée, on décide de se bouger un peu et d’emprunter les kayaks à disposition.
On pagaie sur une mer calme à l’eau transparente. On peut voir facilement à plusieurs mètres de profondeur, des centaines d’oursins posés au fond, et des petits poissons colorés qui nagent autour de nous. En s’éloignant un peu, on a une superbe vue sur la côte sauvage et sa nature luxuriante. C’est là qu’on remarque un magnifique arc-en-ciel, rendant la vue encore plus belle. Nous sommes gâtés !

L’eau est bien chaude ici. On saute du kayak pour nager un peu. Je ne suis jamais très rassurée de me baigner en eau profonde loin de la côte mais cela semble raisonnable, car il y a peu de courant, peu de vagues et l’eau est très claire. La baignade nous fait du bien !
On rentre tranquillement profiter de la soirée et de la nuit dans notre bungalow douillet.
Sainte Marie, l’île aux pirates !
Une nouvelle journée placée sous le signe de l’aventure commence ! Une connaissance du gérant de notre maison d’hôtes nous loue sa motocross pour la journée. On va pouvoir explorer l’île en toute liberté.
L’Île Sainte Marie est célèbre pour avoir été un repaire de pirates pendant près de 2 siècles (début 17ème, fin 18ème). Des figures légendaires de la piraterie y auraient séjourné. John Avery, Christophe Condent, Thomas Tew, William Kidd, et Olivier Le Vasseur pour ne citer qu’eux.
Pour l’anecdote, Olivier Le Vasseur (surnommé La Buse) aurait caché un trésor quelque part sur une île de l’océan indien. Il aurait lancé dans la foule, lors de son exécution, un message crypté permettant de le retrouver. Le trésor n’a à ce jour toujours pas été retrouvé. Cette histoire aurait inspiré l’auteur du célèbre manga One Piece.
Notre destination ? Le célèbre cimetière de pirates, visitable accompagné d’un guide. Le cimetière regroupe les tombes de nombreux pirates mais aussi de marins et de corsaires. Les tombes sont assez simples et abimées mais le lieu n’en reste pas moins digne d’intérêt pour son ambiance et les histoires qu’il renferme. Les habitants utilisaient les matériaux à leur portée pour fabriquer les tombes : soit un mélange de corail et de blanc d’oeuf. C’est moins résistant que la pierre mais ça tient quand même les siècles.

On apprend avec surprise qu’un touriste non-accompagné par un guide a volé une plaque mortuaire gravée en cuivre. Comment est-il possible d’avoir aussi peu de respect pour les autres ? C’est un mystère qui nous dépasse. En conséquence, le lieu n’est plus visitable seul. De toute façon, il est intéressant de prendre un guide qui vous donnera plein d’informations intéressantes.

Après le cimetière, le guide nous emmène en pirogue sur une petite île toute proche appelée l’île aux Forbans. On la rebaptisera très rapidement : l’île aux moustiques. Elle en est infestée ! L’Île n’a rien de spectaculaire à offrir et on en fait très rapidement le tour. Le plus intéressant est la légende qu’elle renferme.

On dit que les pirates auraient caché un trésor sur cette île, mais nul ne sait où. Dans les années 2000, les américains et les chinois ont payé le gouvernement malgache pour faire des fouilles. Ils ont creusé plusieurs trous très profonds. On ignore s’ils ont trouvé quelque chose car ils n’ont rien communiqué. Notre guide également nous montre les restes d’un ancien tunnel qui servait à faire du trafic d’esclaves entre les pirates et la reine de l’Île Sainte Marie.
À la recherche de la plage secrète de l’Île Sainte Marie
Par curiosité, nous aimons bien voir les endroits que nous visitons sur google maps. Cela nous permet d’avoir une vision plus globale de l’endroit où nous sommes. C’est de cette façon que nous avons trouvé la grande plage de l’Île Sainte Marie.

Nous nous renseignons auprès des locaux et du gérant de l’hôtel où nous séjournons pour savoir comment s’y rendre. L’idée est de faire de la moto sur le sable de cette immense plage. Il est apparemment possible d’y accéder par la piste, mais elle est en très mauvais état en raison des précipitations. On nous affirme que nous n’y arriverons pas en moto. Trop difficile selon eux.
Nous décidons quand même de tenter le coup et partons vers l’endroit indiqué. Nous demandons régulièrement notre route, mais les gens parlent de moins en moins français à mesure que nous nous enfonçons sur la piste. Après plus d’une heure à galérer sur la boue glissante et ocre de la piste, nous arrivons enfin en vue de la plage.

Elle s’étend sur des kilomètres et nous n’en voyons pas le bout. Et surtout, il n’y a personne. On se sent comme Neil Armstrong qui plante ses premières traces de tongs sur le sable encore vierge de toute trace humaine. On se lance sur le sable en moto. Il est très mou mais se durcit au plus proche de l’océan. C’est vraiment incroyable ! On file au contact des vagues. L’eau éclabousse de tous les côtés. Bref : c’est le paradis !
D’un coup, grosse frayeur : le moteur de la moto s’arrête et impossible de la redémarrer. On essaye de la remonter loin de l’eau mais impossible à la main. Elle est trop lourde et s’enfonce trop dans le sable. On a peur que la marée monte et engloutisse notre moto de location ! Après quelques minutes de panique inefficaces, on comprend enfin l’origine du problème. L’eau salée était entrée en contact avec la bougie d’allumage abîmée, empêchant le moteur de redémarrer. On la déclipse, souffle un coup dessus et… miracle, ça repart !

Après toutes ces émotions, on décide de repartir. On fait encore plus d’une heure de piste pendant laquelle Deborah descend de la moto pendant les passages difficiles. À deux reprises on se retrouve par terre car le sol est extrêmement glissant et cahoteux. Sur les rotules, on rejoint la route goudronnée. Direction : l’hôtel pour nous remettre de nos émotions !
Départ de l’Île
On repartira finalement de l’Île Sainte Marie le lendemain à 2h du matin. Après 1h de tuktuk pour rejoindre le bateau, 2h en mer serrés comme des sardines, et 7h sur la piste dans un taxi-brousse (dont 2h à attendre sur le bord de la route pour réparer une crevaison), on rejoint finalement et après un total de 10h de trajet notre dernière étape : Tamatave !
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